Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
DRX_2/DRX30
Léon DIERX
LES LÈVRES CLOSES
1867
OBSESSION
Beaux yeux, charmeurs savants, flambeaux de notre vie, 6+6 a
Parfum, grâce, front pur, bouche toujours ravie, 6+6 a
Ô vous, tout ce qu'on aime ! ô vous, tout ce qui part ! 6+6 b
Non, rien ne meurt de vous pour l'âme inassouvie 6+6 a
5 Quand vous laissez la nuit refermer son rempart 6+6 b
Sur l'idéal perdu qui va luire autre part. 6+6 b
Beaux yeux, charmeurs savants, clairs flambeaux ! Dans nos veines, 6+6 a
Pour nous brûler toujours du mal des larmes vaines, 6+6 a
Vous versez à coup sûr tous vos philtres amers. 6+6 b
10 Nous puisons aux clartés des prunelles sereines, 6+6 a
Comme au bleu des beaux soirs, comme à l'azur des mers, 6+6 b
Le vertige du vide ou des gouffres ouverts. 6+6 b
Front pur, grâce, parfum, rire ! En nous tout se grave, 6+6 a
Plus enivrant, plus doux, plus ravi, plus suave. 6+6 a
15 Des flots noirs du passé le désir éternel 6+6 b
Les évoque ; et sur nous, comme autour d'une épave 6+6 a
Les monstres de l'écume et les rôdeurs du ciel, 6+6 b
S'acharnent tous les fils du souvenir cruel. 6+6 b
Tout ce qu'on aime et qui s'enfuit ! Mensonges, rêves, 6+6 a
20 Tout cela vit, palpite, et nous ronge sans trêves. 6+6 a
Vous creusez dans nos cœurs, extases d'autrefois, 6+6 b
D'incurables remords hurlant comme les grèves. 6+6 a
Dites, dans quel Léthé peut-on boire une fois 6+6 b
L'oubli, l'immense oubli ? Répondez cieux et bois ! 6+6 b
25 Non, rien ne peut mourir pour l'âme insatiable ; 6+6 a
Mais dans quel paradis, dans quel monde ineffable, 6+6 a
La chimère jamais dira-t-elle à son tour : 6+6 b
« C'est moi que tu poursuis, et c'est moi l'impalpable ; 6+6 a
Regarde ! J'ai le rythme et le divin contour ; 6+6 b
30 C'est moi qui suis le beau, c'est moi qui suis l'amour ? » 6+6 b
Quand vous laissez la nuit se refermer plus noire 6+6 a
Sur nos sens, quel gardien au fond de la mémoire 6+6 a
Rallume les flambeaux, et, joyeux tourmenteur, 6+6 b
Nous montre les trésors oubliés dans leur gloire ? 6+6 a
35 Quand nous donnerez-vous le repos contempteur, 6+6 b
Astres toujours brillant d'un feu toujours menteur ? 6+6 b
Cet idéal perdu que le hasard promène, 6+6 a
Un jour, là-haut, bien loin de la douleur humaine, 6+6 a
L'étreindrons-nous enfin de nos bras, dans la paix 6+6 b
40 Du bonheur, dans l'oubli du doute et de la haine ? 6+6 a
Ou, comme ici, fuyant dans le brouillard épais, 6+6 b
Nous crîra-t-il encor : plus loin ! Plus tard ! Jamais ! 6+6 b
Oui, nous brûlant toujours d'une flamme inféconde, 6+6 a
Rire enivré, doux front, parfum, grâce profonde, 6+6 a
45 Tout cela vit, palpite et nous ronge de pleurs. 6+6 b
Mais dans quelle oasis, en quels cieux, sur quel monde, 6+6 a
Au fond de la mémoire éclorez-vous ? ô fleurs 6+6 b
Du rêve où s'éteindra l'écho de nos douleurs ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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