Métrique en Ligne
DRX_2/DRX29
Léon DIERX
LES LÈVRES CLOSES
1867
CE SOIR
Comme à travers un triple et magique bandeau, 12
— Ô nuit ! ô solitude ! ô silence ! — mon âme 12
À travers vous, ce soir, près du foyer sans flamme, 12
Regarde par delà les portes du tombeau. 12
5 Ce soir, plein de l'horreur d'un vaincu qu'on assaille, 12
Je sens les morts chéris surgir autour de moi. 12
Leurs yeux, comme pour lire au fond de mon effroi, 12
Luisent distinctement dans l'ombre qui tressaille. 12
Derrière moi, ce soir, quelqu'un est là, tout près. 12
10 Je sais qu'il me regarde, et je sens qu'il me frôle. 12
Quelle angoisse ! Il est là, derrière mon épaule. 12
Si je me retournais, à coup sûr je mourrais ! 12
Du fond d'une autre vie, une voix très lointaine 12
Ce soir a dit mon nom, ô terreur ! Et ce bruit 12
15 Que j'écoute-ô silence ! ô solitude ! ô nuit ! — 12
Semble être né jadis, avec la race humaine ! 12
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