Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
DRX_2/DRX24
Léon DIERX
LES LÈVRES CLOSES
1867
LAZARE
À Leconte De Lisle.
À la voix de Jésus, Lazare s'éveilla ; 6+6 a
Livide, il se dressa debout dans les ténèbres ; 6+6 b
Il sortit tressaillant dans ses langes funèbres, 6+6 b
Puis, tout droit devant lui, grave et seul, s'en alla. 6+6 a
5 Seul et grave, il marcha depuis lors dans la ville, 6+6 a
Comme cherchant quelqu'un qu'il ne retrouvait pas, 6+6 b
Et se heurtant partout à chacun de ses pas 6+6 b
Aux choses de la vie, à la plèbe servile. 6+6 a
Sous son front reluisant de la pâleur des morts 6+6 a
10 Ses yeux ne dardaient pas d'éclairs ; et ses prunelles, 6+6 b
Comme au ressouvenir des splendeurs éternelles, 6+6 b
Semblaient ne pas pouvoir regarder au dehors. 6+6 a
Il allait, chancelant comme un enfant, lugubre 6+6 a
Comme un fou. Devant lui la foule s'entr'ouvrait. 6+6 b
15 Nul n'osant lui parler, au hasard il errait, 6+6 b
Tel qu'un homme étouffant dans un air insalubre. 6+6 a
Ne comprenant plus rien au vil bourdonnement 6+6 a
De la terre ; abîmé dans son rêve indicible ; 6+6 b
Lui-même épouvanté de son secret terrible, 6+6 b
20 Il venait et partait silencieusement. 6+6 a
Parfois il frissonnait, comme pris de la fièvre, 6+6 a
Et comme pour parler, il étendait la main ; 6+6 b
Mais le mot inconnu du dernier lendemain, 6+6 b
Un invisible doigt l'arrêtait sur sa lèvre. 6+6 a
25 Dans Béthanie, alors, partout, jeunes et vieux 6+6 a
Eurent peur de cet homme ; il passait seul et grave ; 6+6 b
Et le sang se figeait aux veines du plus brave, 6+6 b
Devant la vague horreur qui nageait dans ses yeux. 6+6 a
Ah ! Qui dira jamais ton étrange supplice, 6+6 a
30 Revenant du sépulcre où tous étaient restés, 6+6 b
Qui revivais encor, traînant dans les cités 6+6 b
Ton linceul à tes reins serré comme un cilice ! 6+6 a
Pâle ressuscité qu'avaient mordu les vers ! 6+6 a
Pouvais-tu te reprendre aux soucis de ce monde, 6+6 b
35 Ô toi qui rapportais dans ta stupeur profonde 6+6 b
La science interdite à l'avide univers ? 6+6 a
La mort eut-elle à peine au jour rendu sa proie, 6+6 a
Dans l'ombre tu rentras, spectre mystérieux, 6+6 b
Passant calme à travers les peuples furieux, 6+6 b
40 Et ne connaissant plus leur douleur ni leur joie. 6+6 a
Dans ta seconde vie, insensible et muet, 6+6 a
Tu ne laissas chez eux qu'un souvenir sans trace. 6+6 b
As-tu subi deux fois l'étreinte qui terrasse, 6+6 b
Pour regagner l'azur qui vers toi refluait ? 6+6 a
45 — Oh ! Que de fois, à l'heure où l'ombre emplit l'espace, 6+6 a
Loin des vivants, dressant sur le fond d'or du ciel 6+6 b
Ta grande forme aux bras levés vers l'éternel ; 6+6 b
Appelant par son nom l'ange attardé qui passe ; 6+6 a
Que de fois l'on te vit dans les gazons épais, 6+6 a
50 Seul et grave, rôder autour des cimetières, 6+6 b
Enviant tous ces morts qui dans leurs lits de pierres 6+6 b
Un jour s'étaient couchés pour n'en sortir jamais ! 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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