Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
DRX_1/DRX19
Léon DIERX
POÈMES ET POÉSIES
1864
In Extremis
Son nom ? — Tu veux savoirs'il fut illustre ou non ? 6+6 a
Eh bien, je ne sais pas !Que peut te faire un nom ! 6+6 a
Personne sur son frontn'inscrit le nom qu'il porte ! 6+6 b
C'était un homme, avecun nom. Mais que t'importe ? 6+6 b
5 — Sa race ? — Laissons là,crois-moi, tous ses aïeux ! 6+6 a
L'âme de bien des mortstressaillait dans ses yeux ; 6+6 a
Mais la sienne, à coup sûr,l'obsédait davantage. 6+6 b
C'était un homme, avecun très riche héritage 6+6 b
De désirs obstinésdans leur espoir têtu, 6+6 a
10 D'âmes vieilles pesantsur son âme, entends-tu ! 6+6 a
Quant à l'autre blasonqu'une race confère, 6+6 b
Il ne le montrait pas,et tu n'en as que faire. 6+6 b
— Sa patrie ? — Insensé !Quelle est-elle ici-bas ? 6+6 a
Lequel nous appartientle plus, des deux grabats 6+6 a
15 la vie ouvre et fermeà son gré sa spirale, 6+6 b
Du premier l'on crie,et de l'autre l'on râle ? 6+6 b
La patrie ! Est-ce un champ ?Une île ? Un astre entier ? 6+6 a
Né dans un large lit,ou né dans un sentier, 6+6 a
C'était un homme avecla terre pour patrie, 6+6 b
20 Ou pour exil ; un hommeavec l'âme meurtrie ! 6+6 b
— Son âge ? — En sauras-tuplus long, si je le dis ? 6+6 a
Ah ! Le vieillard trnantses membres engourdis, 6+6 a
Souvent, plus que le corps,a le cœur lourd d'années, 6+6 b
Et l'esprit éperdusous les heures damnées 6+6 b
25 Plus encor que le cœur !Vois ! Cherche son regard, 6+6 a
Et lis, si tu le peux,dans un rayon hagard, 6+6 a
Sous le double fardeaude l'angoisse amassée 6+6 b
Laquelle a plus vieilli,la chair ou la pensée ! 6+6 b
Et quand le corps enfina fait son dernier pas, 6+6 a
30 Il aspire au reposéternel, mais non pas 6+6 a
L'âme encor préparéeaux étreintes futures ! 6+6 b
C'était un homme, avecd'innombrables tortures 6+6 b
Dans la poitrine, et quise couchait gravement, 6+6 a
Pour mourir, sous un cielau louche flamboiement. 6+6 a
35 donc ? Dans quel pays ?Dans quel siècle ? — Tu railles ! 6+6 b
As-tu peur de mourirloin de quatre murailles, 6+6 b
Sans amis, sans parents,sans pleurs, abandonné ? 6+6 a
Et quand ton heure à toide même aura sonné, 6+6 a
Me demanderas-tu,réponds, quelle frontière 6+6 b
40 Creusera ton sépulcre,et dans quel cimetière ? 6+6 b
Dans quel siècle, as-tu dit ?Va ! Le malheur est vieux ! 6+6 a
Et comme hier, demain,l'invisible envieux, 6+6 a
Toujours multipliantses noires fantaisies, 6+6 b
Saura fouiller les flancsdes victimes choisies. 6+6 b
45 Tant qu'il lui resteraquelque hochet vivant, 6+6 a
Va ! Le malheur toujourssera jeune et savant ! 6+6 a
C'était un homme, avecses luttes infinies, 6+6 b
Jouet depuis longtempsdes lentes agonies, 6+6 b
Et qui, seul, une nuit,sur le dos renversé, 6+6 a
50 Râlait au coin d'un bois,au bord d'un dur fossé, 6+6 a
Sans prière, sans plainteaussi, les membres roides, 6+6 b
Et les yeux grands ouvertsau fond des brumes froides ! 6+6 b
Il suffit. Et la mortdans ses veines filtrait. 6+6 a
Mais avant d'expirer,voilà que, tout d'un trait, 6+6 a
55 Il revit devant luipasser l'horrible drame 6+6 b
De ses jours dont l'enferavait tissé la trame. 6+6 b
Alors il dit : « Soyezdemain plus odieux ; 6+6 a
« J'ai le rêve et l'orgueil ;je vous pardonne, ô dieux ! » 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
logo du CRISCO logo de l'université