Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
DES_2/DES259
Marceline DESBORDES-VALMORE
LES PLEURS
1830
BÉRANGER
Mes chansons, c’est moi.
Le bonheur de l’humanité a été le songe de ma vie.
P. J. Béranger.
Ange ou prophète ! | oh ! que je te revoie, 4+6 a
Grave, sublime, | et profond dans tes pleurs, 4+6 b
Insoucieux | aux heures de la joie, 4+6 a
Toujours nouveau | sous tes nouvelles fleurs, 4+6 b
5 Toujours toi-même ! | Ingénu camarade, 4+6 c
Du La Fontaine | inventeur de tableaux, 4+6 d
Tu dors longtemps ; | mais tu n’es pas malade, 4+6 c
Et ton réveil | a triplé ses grelots. 4+6 d
Je baise au front | cette muse fidèle ; 4+6 a
10 Son vol frémit, | tout l’univers l’entend : 4+6 b
Que d’astres froids | elle éteint d’un coup d’aile ! 4+6 a
Sa plume brûle ! | — écris : le pauvre attend. 4+6 b
Sauvage encor, | libre, candide, nue, 4+6 c
Elle a monté | par les mêmes chemins. 4+6 d
15 L’aigle sans peur | la soutint dans la nue ; 4+6 c
Oh ! qu’elle est noble ! | ô les beaux parchemins ! 4+6 d
Sans la trahir, | toi, tu l’as épousée ; 4+6 a
L’eau des prisons | baptisa vos serments ; 4+6 b
Par l’ouragan | la flamme est aiguisée, 4+6 a
20 Et tu sors pur | de ses embrassements. 4+6 b
Glissant partout | où le pouvoir te veille, 4+6 c
Qu’elle a trompé | de gardes endormis ! 4+6 d
Qu’elle t’a dit | de secrets à l’oreille ! 4+6 c
Et ces secrets, | Dieu ! qu’ils t’ont fait d’amis ! 4+6 d
25 On rit, on pleure | en feuilletant ton âme ; 4+6 a
À chaque page | elle brûle nos doigts ; 4+6 b
Dans ces sons pleins | de larmes et de flamme, 4+6 a
Qu’on aime Dieu ! | mais aime-t-on les rois ? 4+6 b
Des malheureux | ta chanson lumineuse 4+6 c
30 Traduit les pleurs | que le ciel entendra ; 4+6 d
Ah ! sur leur route | encor trop épineuse 4+6 c
Sème tes fruits : | le temps les mûrira. 4+6 d
Oh ! ne crois pas | qu’exilé de la foule, 4+6 a
Tu fus jamais | tiède en son souvenir ; 4+6 b
35 Toujours ton nom, | comme un écho qui roule, 4+6 a
Chantait dans l’air, | échauffant l’avenir. 4+6 b
Va, l’amour libre | est toujours la plus forte ! 4+6 c
Et quand nos vœux | soulevaient ton lien, 4+6 d
Nos cœurs serrés | battaient contre ta porte 4+6 c
40 Pour écouter | les battements du tien. 4+6 d
Triste, toujours | ton immense famille, 4+6 a
Je dis la France, | avait soif de tes vers ; 4+6 b
En te voyant | radieux sous la grille, 4+6 a
Elle a maudit | tes juges et tes fers. 4+6 b
45 Quand tout mourra, | leur marbre cinéraire 4+6 c
Sera scellé | par le pied du remord : 4+6 d
Toi, si l’on frappe | à ta tombe légère, 4+6 c
Tu répondras : | « Liberté dans la mort ! » 4+6 d
mètre profil métrique : 4+6
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