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Peut-être un jour sa voix tendre et voilée |
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M’appellera sous de jeunes cyprès ; |
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Cachée alors au fond de la vallée, |
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Plus heureuse que lui, j’entendrai ses regrets. |
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Lentement, des coteaux je le verrai descendre ; |
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Quand il croira ses pas et ses vœux superflus, |
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Il pleurera ! ses pleurs rafraîchiront ma cendre ; |
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Enchaînée à ses pieds, je ne le fuirai plus. |
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Je ne le fuirai plus ! je l’entendrai ; mon âme, |
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Brûlante autour de lui, voudra sécher ses pleurs ; |
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Et ce timide accent, qui trahissait ma flamme, |
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Il le reconnaîtra dans le doux bruit des fleurs. |
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Oh ! qu’il trouve un rosier mourant et solitaire ! |
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Qu’il y cherche mon souffle et l’attire en son sein ! |
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Qu’il dise : « C’est pour moi qu’il a quitté la terre ; |
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Ses parfums sont à moi, ce n’est plus un larcin. » |
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Qu’il dise : « Un jour à peine il a bordé la rive ; |
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Son vert tendre égayait le limpide miroir ; |
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Et ses feuilles déjà, dans l’onde fugitive, |
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Tombent. Faible rosier, tu n’as pas vu le soir ! » |
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Alors, peut-être, alors l’hirondelle endormie, |
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À la voix d’un amant qui pleure son amie, |
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S’échappera du sein des parfums précieux, |
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Emportant sa prière et ses larmes aux cieux. |
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Alors, rêvant aux biens que ce monde nous donne, |
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Il laissera tomber sur le froid monument |
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Les rameaux affligés dont la gloire environne |
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Son front triste et charmant. |
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