ÉLÉGIES |
LA PRIÈRE PERDUE |
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Inexplicable cœur, énigme de toi-même, |
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Tyran de ma raison, de la vertu que j’aime, |
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Ennemi du repos, amant de la douleur, |
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Que tu me fais de mal, inexplicable cœur ! |
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Si l’horizon plus clair me permet de sourire, |
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De mon sort désarmé tu trompes le dessein ; |
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Dans ma sécurité tu ne vois qu’un délire ; |
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D’une vague frayeur tu soulèves mon sein. |
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Si de tes noirs soupçons l’amertume m’oppresse, |
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Si je veux par la fuite apaiser ton effroi, |
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Tu demandes du temps, quelques jours, rien ne presse ; |
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J’hésite, tu gémis, je cède malgré moi. |
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Que je crains, ô mon cœur, ce tyrannique empire ! |
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Que d’ennuis, que de pleurs il m’a déjà coûté ! |
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Rappelle-toi ce temps de liberté, |
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Ce bien perdu dont ma fierté soupire. |
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Tu me trahis toujours, et tu me fais pitié. |
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Crois-moi, rends à l’amour un sentiment trop tendre ; |
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Pour ton repos, si tu voulais m’entendre, |
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Tu n’en aurais encor que trop de la moitié ! |
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« Non, dis-tu, non, jamais ! » Trop faible esclave, écoute, |
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Écoute ! et ma raison te pardonne et t’absout : |
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Rends-lui du moins les pleurs ! Tu vas céder sans doute ? |
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Hélas ! non ! toujours non ! Ô mon cœur ! prends donc tout. |
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