Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
CRB_1/CRB94
Tristan CORBIÈRE
LES AMOURS JAUNES
1873
GENS DE MER
LA FIN
Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines
Dans ce morne horizon se sont évanouis !…
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Combien de patrons morts avec leurs équipages !
L'Océan, de leur vie a pris toutes les pages,
Et, d'un souffle, il a tout dispersé sur les flots.
Nul ne saura leur fin dans l'abîme plongée…
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Nul ne saura leurs noms, pas même l'humble pierre,
Dans l'étroit .cimetière où l'écho nous répond,
Pas même un saute vert qui s'effeuille à l'automne,
Pas même la chanson plaintive et monotone
D'un aveugle qui chante à l'angle d'un vieux pont.
V. Hugo. — Oceano nox.
Eh bien, tous ces marins —matelots, capitaines, 6+6 a
Dans leur grand Océanà jamais engloutis… 6+6 b
Partis insoucieuxpour leurs courses lointaines 6+6 a
Sont morts — absolumentcomme ils étaient partis. 6+6 b
5 Allons ! c'est leur métier ;ils sont morts dans leurs bottes ! 6+6 a
Leur boujaron au cœur,tout vifs dans leurs capotes… 6+6 a
Morts… Merci : la Camardea pas le pied marin ; 6+6 b
Qu'elle couche avec vous :c'est votre bonne-femme 6+6 c
Eux, allons donc : Entiers !enlevés par la lame ! 6+6 c
10  Ou perdus dans un grain 6 b
Un grainest-ce la mortça ? la basse voilure 6+6 a
Battant à travers l'eau !— ça se dit encombrer 6+6 b
Un coup de mer plombé,puis la haute mâture 6+6 a
Fouettant les flots ras —et ça se dit sombrer. 6+6 b
15 — Sombrer — Sondez ce mot.Votre mort est bien pâle 6+6 a
Et pas grand'chose à bord,sous la lourde rafale 6+6 a
Pas grand'chose devantle grand sourire amer 6+6 b
Du matelot qui lutte.Allons donc, de la place ! — 6+6 c
Vieux fantôme éventé,la Mort change de face : 6+6 c
20  La Mer !… 2 b
Noyés ? — Eh allons donc !Les noyés sont d'eau douce. 6+6 a
— Coulés ! corps et biens !Et, jusqu'au petit mousse, 6+6 a
Le défi dans les yeux,dans les dents le juron ! 6+6 b
A l'écume crachantune chique râlée, 6+6 c
25 Buvant sans hauts-de-cœurla grand' tasse salée 6+6 c
  — Comme ils ont bu leur boujaron* . — 8 b
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
— Pas de fond de six pieds,ni rats de cimetière : 6+6 a
Eux ils vont aux requins !L'âme d'un matelot 6+6 b
Au lieu de suinterdans vos pommes de terre, 6+6 a
30  Respire à chaque flot. 6 b
— Voyez à l'horizonse soulever la houle ; 6+6 a
 On dirait le ventre amoureux 8 b
D'une fille de joieen rut, à moitié sle 6+6 a
 Ils sont là ! — La houle a du creux. — 8 b
35 Écoutez, écoutezla tourmente qui beugle !… 6+6 a
C'est leur anniversaireIl revient bien souvent — 6+6 b
O poète, gardezpour vous vos chants d'aveugle ; 6+6 a
Eux : le De profundisque leur corne le vent. 6+6 b
… Qu'ils roulent infinisdans les espaces vierges !… 6+6 a
40  Qu'ils roulent verts et nus, 6 b
Sans clous et sans sapin,sans couvercle, sans cierges… 6+6 a
— Laissez-les donc rouler,terriers parvenus ! 6+6 b
Boujaron : ration d'eau-de-vie.
mètre profils métriques : 6, 8, 6+6, (2)
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