Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
COP_5/COP125
François COPPÉE
Sonnets intimes et Poèmes inédits
1925
DEUXIÈME PARTIE
CHOSE VUE SUR LE GRAND CHEMIN
Heureux l’enfant pour qui le don n’est pas l’aumône ! 6+6 a
L’été flambe, le blé mûrit, la plaine est jaune. 6+6 a
Une enfant en haillons, pieds nus sur le chemin, 6+6 b
A cueilli des bleuets qu’elle tient à la main. 6+6 b
5 Elle a quatre ans ; on la laisse errer sur la route. 6−6 a
Mendiante, non pas, mais bien pauvre ; et, sans doute, 6+6 a
Chez elle, on est souvent sans pain à la maison. 6+6 b
L’enfant n’y songe pas. C’est la belle saison. 6+6 b
Elle est libre. Ses pieds, dans la poussière ardente, 6+6 a
10 Ont chaud. Elle a cueilli des fleurs, elle est contente, 6+6 a
Et, près des peupliers dont tremble le rideau, 6+6 b
Elle marche.
Bercée au trot de son landau, 6+6 b
Une dame, à cô de sa petite fille, 6+6 a
Est prise de pitié pour l’errante en guenille 6+6 a
15 Et veut semer un peu de bonheur en passant. 6+6 b
« Halte un instant, cocher. »
La petite descend 6+6 b
Et présente un louis à l’enfant demi-nue. 6+6 a
Toutes deux ont quatre ans. L’ignorance ingénue 6+6 a
Qui vit dans leurs yeux clairs ne peut encor savoir 6+6 b
20 Le sens de ces deux mots — donner et recevoir — 6+6 b
Ni que la chari contient un peu d’offense. 6+6 a
O candeur adorable et sainte de l’enfance ! 6+6 a
L’une tend sans façon le louis comme un sou, 6+6 b
L’autre l’accepte ainsi qu’un étrange joujou 6+6 b
25 Et le prend simplement parce qu’on le lui donne 6+6 a
Puis, cédant à son tour à l’instinct d’être bonne, 6+6 a
Elle offre ses bleuets dans la moisson cueillis. 6+6 b
Alors la riche enfant, trouvant bien plus jolis 6+6 b
Que l’or ces bleuets purs comme les yeux d’un ange, 6+6 a
30 Et surprise devant le généreux échange, 6+6 a
Et très reconnaissante, et le cœur tout saisi, 6+6 b
Embrasse l’enfant pauvre en lui disant : « Merci. » 6+6 b
mètre profil métrique : 6−6
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