Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
COP_1/COP8
François COPPÉE
PROMENADES ET INTÉRIEURS
1872
II
La ferme
La maison, aujourd’hui | ferme, jadis château, 6+6 a
A bon air. Un fossé | l’entoure ; un vieux bateau, 6+6 a
Plein de feuillage mort, | pourrit là, sous le saule. 6+6 b
Par l’étroit pont de pierre | où la volaille piaule 6+6 b
5 Répondant à grands cris | aux canards du fossé, 6+6 a
Et par la voûte sombre | au cintre surbaissé, 6+6 a
On entre dans la cour | spacieuse et carrée 6+6 b
Que jonchent le fumier | et la paille dorée. 6+6 b
Avant le déjeuner, | parfois j’en fais le tour. 6+6 a
10 Je regarde rentrer | les bêtes de labour, 6+6 a
Gros chevaux pommelés, | les pieds velus, la queue 6+6 b
Troussée, avec le lourd | collier de laine bleue, 6+6 b
Le gland rouge à l’oreille, | et le grossier harnais. 6+6 a
Je fus un paysan | jadis, je m’y connais, 6+6 a
15 Je parle aux laboureurs, | je leur dis ma recette 6+6 b
Pour extirper du blé | la nielle et la luzette 6+6 b
Et que le temps humide | est meilleur pour faucher. 6+6 a
La grosse cuisinière | alors vient me chercher ; 6+6 a
Je rentre dans la salle | à manger confortable 6+6 b
20 Où je trouve Suzanne | arrangeant sur la table 6+6 b
Les fruits de la saison | dans un grand plat de Gien. 6+6 a
On déjeune gaîment. | Quelquefois le vieux chien 6+6 a
Qu’on tolère au logis, | car il n’est plus ingambe, 6+6 b
Vient poser en grondant | sa gueule sur ma jambe 6+6 b
25 Pour avoir un morceau | qu’il avale d’un coup. 6+6 a
En prenant le café, | nous fumons, pas beaucoup. 6+6 a
Puis mes hôtes vont voir | leurs travaux de campagne, 6+6 b
Ils prennent le panier, | et je les accompagne. 6+6 b
La voiture d’osier | a trois places. Devant, 6+6 a
30 La chère blonde, avec | son voile brun au vent, 6+6 a
– Tandis que le papa | maintient au trot Cocotte, – 6+6 b
Se retourne, voulant | mettre dans la capote 6+6 b
Son parasol doublé | de vert et ses bouquets. 6+6 a
Moi, derrière, occupant | le siège du laquais, 6+6 a
35 Pour l’aider je m’incline, | et je la touche presque. 6+6 b
– Et nous suivons alors | un chemin pittoresque, 6+6 b
Où souvent, par-dessus | les grands épis penchés, 6+6 a
Nous regardent de loin | les pointes des clochers. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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