Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
BRI_2/BRI143
Auguste BRIZEUX
LA FLEUR D’OR
1874
LIVRE NEUVIÈME
EN BRETAGNE
Le Chant de la Coupe
DANS ma chaumière, un soir, prés d’un grand feu de lande, 6+6 a
Je rêvais ; des amis faisaient cercle ; et voilà 6+6 b
Que, soulevant ma tasse, un des chefs de la bande 6+6 a
Ainsi, pour dissiper mes rêves, me parla : 6+6 b
5 « Aime ton humble coupe. Elle est de buis, qu’importe ! 6+6 a
Le buis solide et dur te sied, chanteur breton ; 6+6 b
Et sur le pied d’étain qui l’orne et la supporte, 6+6 a
Dans un double idiome on peut lire ton nom. 6+6 b
« Vois, nul encor n’a bu dans la coupe celtique. 6+6 a
10 Toi-même la creusas de tes pieuses mains. 6+6 b
Évoquant, évoquant les Esprits d’Armorique 6+6 a
Depuis prés de mille ans couchés sous les dôl-mens. 6+6 b
« Tous se sont éveillés ! Mélodieuse troupe, 6+6 a
Ils sont venus à toi comme des échansons ; 6+6 b
15 Et voici qu’enivrés aux vapeurs de ta coupe, 6+6 a
Sur les bords de Cornouaille ils versent tes chansons. 6+6 b
« Ils nous versent l’amour des coutumes rustiques, 6+6 a
Le bonheur d’aller fiers sous d’immenses cheveux, 6+6 b
D’avoir un parler pur entre les plus antiques 6+6 a
20 Qu’il faut transmettre pur à nos derniers neveux. 6+6 b
Oui, tes chants ont dit vrai : Les bruyères sont belles, 6+6 a
Nos yeux s’ouvrent plus grands aux aspects du pays, 6+6 b
Plus fervents nous prions sur le sol des chapelles, 6+6 a
Nous allons plus joyeux sous l’ombre des taillis. 6+6 b
25 « O poète rustique ! ô poète sincère ! 6+6 a
Sois heureux de ta coupe et redis en tout lieu 6+6 b
Ce vers qui soutiendra souvent notre misère : 6+6 a
« Aimons notre pays et surtout aimons Dieu !… » 6+6 b
« Et puis, il t’en souvient, si, bravant ton étoile. 6+6 a
30 Tu l’emplissais de vin rafraîchi dans l’Ellé, 6+6 b
Une vierge était là plus blanche que son voile, 6+6 a
Et cette belle enfant te disait consolé. 6+6 b
« Aime ton humble coupe, et de vin ou de cidre 6+6 a
Emplis-la jusqu’aux bords pour noyer tes douleurs ; 6+6 b
35 Si les flots fermentés laissent surnager l’hydre, 6+6 a
Alors, les yeux au ciel, bois ton fiel et tes pleurs. » 6+6 b
Et moi je répondis : « Tes discours, ô Jérôme, 6+6 a
Sont un miel savoureux qui pénètre le cœur ; 6+6 b
En creusant tes sillons si tu chantes, jeune homme, 6+6 a
40 Tes grands bœufs fatigués reprennent leur vigueur ! » 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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