Métrique en Ligne
BOU_3/BOU81
Louis BOUILHET
DERNIÈRES CHANSONS
1869
XIV
UNE SOIRÉE
Dix-huit ans ! ‒ vous croyez ?… c'est le plus !… Blanche et rose, 6+6 a
Comme un pêcher fleuri que l'eau du ciel arrose, 6+6 a
Sous ses cheveux bouclés, elle allongeait son cou 6+6 b
Et ses grands regards bleus allaient on ne sait . 6+6 b
C'était un bal mêlé d'art ;
5 Une demoiselle 6+6 a
Mûre, et pour " ces messieurs " déployant un beau zèle, 6+6 a
Avec des soubresauts de la tête et du corps, 6+6 b
Sur un piano sourd varlopait des accords 6+6 b
En cercle, l'oeil béant, près de la cheminée, 6+6 a
10 Les mamans avalaient la musique ordonnée, 6+6 a
Et l'enfant blanche et rose, en extase, écoutait 6+6 b
Car, la main sur son coeur, un notaire chantait ! 6+6 b
Il chantait ‒ oublieux du contrat qui sommeille 6+6 a
Je ne sais quel bateau, quelle étoile vermeille. 6+6 a
15 Quels chérubins frisés voltigeant dans l'azur ! 6+6 b
C'était si doux ! C'était si vrai ! C'était si pur ! 6+6 b
Les âmes y versaient tant d'amour ! « la madone » 6+6 a
Rimait si gentiment avec « la fleur qu'on donne, » 6+6 a
Que j'avais peur de voir, pendant ce frais débit, 6+6 b
20 Germer des plumes d'ange au dos de son habit !… 6+6 b
Un employé rêveur murmurait : « fantaisies !… » 6+6 a
‒ ô misère !… en dépit des fausses poésies, 6+6 a
Malgré l'air bête et lourd du monsieur qui chantait, 6+6 b
L'enfant songeait, l'enfant écoutait, palpitait. 6+6 b
25 Son pauvre petit coeur gonflé de convoitises 6+6 a
Partait pour l'infini ‒ sur l'aile des sottises. 6+6 a
Et ce salon bourgeois, dont on se souviendra, 6+6 b
Prenait, à ses regards, des splendeurs d'Alhambra ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite de distiques
schéma : 14((aa))
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