Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
BOU_3/BOU116
Louis BOUILHET
DERNIÈRES CHANSONS
1869
XLIX
LE NAVIRE
Autour du noir vaisseau | sous les cieux voyageant, 6+6 a
Le vesper répand l'ombre | avec la rêverie ; 6+6 b
Et, comme un laboureur, | la lune au soc d'argent 6+6 a
Creuse d'un blanc sillon | les vagues d'étrurie. 6+6 b
5 La voile aux plis nombreux | tombe sur les haubans ; 6+6 a
À peine un léger souffle | au loin frémit encore. 6+6 b
Tout se mêle et s'efface, | et, courbés sur leurs bancs, 6+6 a
Les rameurs, dans la nuit, | frappent le flot sonore. 6+6 b
Tout à coup par les airs | un doux bruit a passé 6+6 a
10 Comme une voix de femme, | harmonieuse et belle. 6+6 b
Est-ce un cri d'alcyon | sur l'écueil balancé, 6+6 a
Ou quelque écho lointain | des fêtes de Cybèle ? 6+6 b
Brûlant comme l'amour, | joyeux comme l'espoir, 6+6 a
Le chant roule, emporté | sur les plaines humides ; 6+6 b
15 Et le nocher surpris, | dans la brume croit voir 6+6 a
Bondir le choeur dansant | des blondes Néréides. 6+6 b
Déjà la rame échappe | aux mains des matelots ; 6+6 a
On écoute, ‒ et la voix, | qui lentement soupire, 6+6 b
Dans son réseau sonore | enchaîne le navire 6+6 b
20 Comme un filet subtil | étendu sur les flots : 6+6 a
« Suspends, suspends ton vol, | carène aux blanches ailes, 6+6 a
Qui vas rasant les flots amers ; 8 b
Tout repose, et la nuit | sème ses étincelles 6+6 a
Dans le voile ondoyant des mers. 8 b
25 « Vénus à l'horizon, | sur un lit de nuages, 6+6 a
A dénoué ses tresses d'or ; 8 b
Jetez l'ancre de fer | à nos joyeux rivages, 6+6 a
Nautoniers, c'est ici le port ! 8 b
« Entendez-vous la brise | enivrante et lascive 6+6 a
30 Glisser après les feux du jour ? 8 b
Et la vague frémir | aux lèvres de la rive, 6+6 a
Comme fait un baiser d'amour ! 8 b
« Venez ! Doux sont nos chants | et doux sont nos visages. 6+6 a
Les dieux marins aux cheveux verts, 8 b
35 Quand le soir, blanches soeurs, | nous dansons sur les plages, 6+6 a
Tendent vers nous leurs bras ouverts. 8 b
« Venez ! Si le destin | dans le fond de vos âmes 6+6 a
Retourne l'aiguillon fatal, 8 b
À vous l'amour ! à vous | des caresses de femmes 6+6 a
40 Dans une grotte de cristal ! 8 b
« À vous, tous les secrets | que cherche en vain la foule ! 6+6 a
À vous nos récits merveilleux, 8 b
Où des jours effacés | l'histoire se déroule 6+6 a
Comme un tissu mélodieux. 8 b
45 « Ce n'est point aux palais | dans le cercle des villes, 6+6 a
Que dort la molle volupté. 8 b
Elle aime les forêts | et leurs dômes mobiles, 6+6 a
Où soupirent les nuits d'été. 8 b
« Elle aime les grands flots | comme Vénus sa mère, 6+6 a
50 Quand, ouvrant l'océan vermeil, 8 b
Elle sortit un jour | de son écume amère, 6+6 a
Nue et ruisselante au soleil. 8 b
« Ici, sous la colline, | au doux bruit des fontaines, 6+6 a
Étendus sur des lits de fleurs, 8 b
55 Vous boirez chaque jour, | aux coupes toujours pleines, 6+6 a
L'oubli du temps et des douleurs. 8 b
« Oublier ! Oublier ! | C'est la sagesse, au monde ! 6+6 a
Aimer ! C'est la loi des mortels. 8 b
C'est pour l'amour joyeux | que sur la vague blonde 6+6 a
60 Pendent les riants archipels. 8 b
« Où t'en vas-tu si loin, | carène aux blanches ailes ? 6+6 a
L'ombre est propice sous les cieux ; 8 b
Heureux qui vient dormir | aux bras des immortelles ! 6+6 a
Il se relève égal aux dieux ! » 8 b
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65 Un souffle impétueux | entraînait le navire. 6+6 a
Il allait, il allait | aux magiques îlots, 6+6 b
Comme va la colombe | au serpent qui l'attire. ‒ 6+6 a
Et les mâts s'inclinaient, | et la rame en délire 6+6 a
D'elle-même frappait les flots. 8 b
mètre profils métriques : 8, 6+6
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