Métrique en Ligne
BAU_1/BAU60
Charles BAUDELAIRE
LES FLEURS DU MAL
1857-1861
SPLEEN ET IDÉAL
LVI
L’Invitation au voyage
Mon enfant, ma sœur, 5
Songe à la douceur 5
D’aller là-bas vivre ensemble ! 7
Aimer à loisir, 5
5 Aimer et mourir 5
Au pays qui te ressemble ! 7
Les soleils mouillés 5
De ces ciels brouillés 5
Pour mon esprit ont les charmes 7
10 Si mystérieux 5
De tes traîtres yeux, 5
Brillant à travers leurs larmes. 7
Là, tout n’est qu’ordre et beauté, 7
Luxe, calme et volupté. 7
15 Des meubles luisants, 5
Polis par les ans, 5
Décoreraient notre chambre ; 7
Les plus rares fleurs 5
Mêlant leurs odeurs 5
20 Aux vagues senteurs de l’ambre, 7
Les riches plafonds, 5
Les miroirs profonds, 5
La splendeur orientale, 7
Tout y parlerait 5
25 À l’âme en secret 5
Sa douce langue natale. 7
Là, tout n’est qu’ordre et beauté, 7
Luxe, calme et volupté. 7
Vois sur ces canaux 5
30 Dormir ces vaisseaux 5
Dont l’humeur est vagabonde ; 7
C’est pour assouvir 5
Ton moindre désir 5
Qu’ils viennent du bout du monde. 7
35 — Les soleils couchants 5
Revêtent les champs, 5
Les canaux, la ville entière, 7
D’hyacinthe et d’or ; 5
Le monde s’endort 5
40 Dans une chaude lumière. 7
Là, tout n’est qu’ordre et beauté, 7
Luxe, calme et volupté. 7
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