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BAU_1/BAU145
Charles BAUDELAIRE
LES FLEURS DU MAL
1857-1861
SUPPLÉMENT AUX FLEURS DU MAL
IX
Le Jet d’eau
Tes beaux yeux sont las, pauvre amante ! 8 a
Reste longtemps sans les rouvrir, 8 b
Dans cette pose nonchalante 8 a
Où t’a surprise le plaisir. 8 b
5 Dans la cour le jet d’eau qui jase 8 c
Et ne se tait ni nuit ni jour, 8 d
Entretient doucement l’extase 8 c
Où ce soir m’a plongé l’amour. 8 d
La gerbe épanouie 6 a
10 En mille fleurs, 4 b
Où Phœbé réjouie 6 a
Met ses couleurs, 4 b
Tombe comme une pluie 6 a
De larges pleurs. 4 b
15 Ainsi ton âme qu’incendie 8 a
L’éclair brûlant des voluptés 8 b
S’élance, rapide et hardie, 8 a
Vers les vastes cieux enchantés. 8 b
Puis, elle s’épanche, mourante, 8 c
20 En un flot de triste langueur, 8 d
Qui par une invisible pente 8 c
Descend jusqu’au fond de mon cœur. 8 d
La gerbe épanouie 6 a
En mille fleurs, 4 b
25 Où Phœbé réjouie 6 a
Met ses couleurs, 4 b
Tombe comme une pluie 6 a
De larges pleurs. 4 b
Ô toi, que la nuit rend si belle, 8 a
30 Qu’il m’est doux, penché vers tes seins, 8 b
D’écouter la plainte éternelle 8 a
Qui sanglote dans les bassins ! 8 b
Lune, eau sonore, nuit bénie, 8 c
Arbres qui frissonnez autour, 8 d
35 Votre pure mélancolie 8 c
Est le miroir de mon amour. 8 d
La gerbe épanouie 6 a
En mille fleurs, 4 b
Où Phœbé réjouie 6 a
40 Met ses couleurs, 4 b
Tombe comme une pluie 6 a
De larges pleurs. 4 b
mètre profils métriques : 8, 6, 4
forme globale type : suite périodique avec alternance de type 1
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