SCÈNE PREMIÈRE |
Une place publique. — Un grand feu allumé au milieu |
Un Bourgeois. |
|
Au meurtre ! épargnez un│bourgeois ! |
|
|
voyant que personne ne le poursuit, il se rassure un peu, se tâte, examine ses vêtements d'un air piteux, et continue. |
|
Au meurtre ! épargnez un bourgeois ! J'ai donné contre |
6−6 |
a |
80 |
Un mur, et j'ai cassé│le verre de ma montre ! |
6+6 |
a |
|
Mon chapeau défoncé│s'est tout aplati sur |
6+6 |
b |
|
Ma tête. C'en est fait,│je suis mort, à coup sûr ! |
6+6 |
b |
|
Non, je ne suis pas mort,│mais je suis plein de plâtre. |
6+6 |
a |
|
Où suis-je ? C'est l'enfer,│ou bien c'est un théâtre ! |
6+6 |
a |
85 |
Oui, voilà des décors.│Que c'est vilain de près ! |
6+6 |
b |
|
Un ancien a raison│de dire en mots exprès |
6+6 |
b |
|
Que, même à soixante ans,│un homme n'est pas sage ! |
6+6 |
a |
au public, confidentiellement. |
|
Je crois sans plus d'affaire│enfiler un passage, |
6+6 |
a |
|
(Je venais de dîner│au prochain restaurant ; ) |
6+6 |
b |
90 |
J'entre, je m'aplatis│le nez contre un torrent ! |
6+6 |
b |
|
Je crève une forêt,│et ma jambe, qu'attrape |
6+6 |
a |
|
Un câble, s'engloutit│dans le trou d'une trappe ! |
6+6 |
a |
|
Mon père l'exprimait│judicieusement : |
6+6 |
b |
|
« quoiqu'on y voie, avec│leur sourire charmant, |
6+6 |
b |
95 |
Des femmes, aux regards│célestes, aux cous lisses, |
6+6 |
a |
|
On ne se saurait trop│méfier des coulisses : |
6+6 |
a |
|
On peut trop aisément│s'y faire estropier ! » |
6+6 |
b |
apercevant la salle. |
|
Mais je n'avais pas vu│cela ! Sac à papier ! |
6+6 |
b |
|
Le bel endroit ! Quelle est│cette superbe salle ? |
6+6 |
a |
100 |
Quel luxe ! Ma surprise│est vraiment colossale ! |
6+6 |
a |
|
Je ne reconnais rien│du tout ; pourtant je sais |
6+6 |
b |
|
Qu'ici je ne suis pas│au théâtre-français ! |
6+6 |
b |
|
S'il passait dans ces lieux,│où le hasard m'amène, |
6+6 |
a |
en prud'homme. |
|
Quelque acteur, un suppôt│de l'art de Melpomène, |
6+6 |
a |
105 |
Je saurais si ces murs,│qui n'ont rien de mesquin, |
6+6 |
b |
|
Abritent le cothurne│ou bien le brodequin ! |
6+6 |
b |
|
Distinction utile,│et même principale ! |
6+6 |
a |
apercevant Pierrot, qui paraît au fond. |
|
Justement, j'en vois un│qui vient. Comme il est pâle ! |
6+6 |
a |
|
On dirait un malade,│avec son blanc sarrot ! |
6+6 |
b |
|
|
SCÈNE II |
Le Bourgeois, Pierrot. |
Le Bourgeois, à Pierrot, qui s'est avancé, avec intérêt.
|
|
Monsieur est souffrant ? |
|
|
Pierrot exprime que non. |
|
Monsieur est souffrant ? Non !│Tant mieux. |
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|
Pierrot montre au bourgeois un écriteau avec ces mots :JE SUIS PIERROT |
|
Le Bourgeois, lisant l'écriteau.
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110 |
Monsieur est souffrant ? Non ! Tant mieux. « je suis Pierrot ! » |
6+6 |
b |
avec admiration. |
|
Il est Pierrot ! Dieux c'est│ici que Pierrot loge ! |
6+6 |
a |
|
Il est Pierrot ! |
|
|
à Pierrot. |
|
Il est Pierrot ! Monsieur,│cela fait votre éloge. |
6+6 |
a |
monsieur, mime Pierrot, vous êtes trop bon, et vous êtes même joli, pour un birbe accablé de caducité. |
|
Vous dites que je suis│joli pour un barbon, |
6+6 |
b |
|
Et que je suis trop bon !│Je ne suis pas trop bon, |
6+6 |
b |
115 |
Car votre accueil m'enchante,│et, depuis ma naissance, |
6+6 |
a |
|
Je désirais l'honneur│de votre connaissance ! |
6+6 |
a |
Pierrot s'incline et exprime qu'il est flatté de ce compliment. |
|
Et… vous ne parlez pas ?│ |
|
|
Pierrot fait signe que non. |
|
Et… vous ne parlez pas ? Non ? Les gens bienséants |
6+6 |
b |
|
Parlent fort peu ! |
|
|
changeant la conversation. |
|
Parlent fort peu ! Quelle est│la muse de céans ? |
6+6 |
b |
Pierrot exprime que c'est la folie. |
|
La folie ? Ah ! Vraiment !│Votre salle est divine ! |
6+6 |
a |
|
Son aspect est gai comme│un pinson ! |
|
|
Pierrot exprime qu'elle dépasse toutes les merveilles du monde, et que Louis XIV lui-même, Bien qu'il ressemblât au soleil, n'en avait pas de plus splendide. |
120 |
Son aspect est gai comme un pinson ! Je devine. |
6+6 |
a |
|
Vous me dites que, même│au temps du roi Louis, |
6+6 |
b |
|
Rien d'aussi magnifique,│aux regards éblouis |
6+6 |
b |
|
Ne parut ! |
|
|
Pierrot exprime qu'il a fallu dépenser des capitaux considérables pour arriver à construire un pareil édifice. |
|
Ne parut ! Ah ! Fort bien !│Je vous entends. Nous sommes |
6+6 |
a |
|
D'accord. Il a fallu│donner de fortes sommes |
6+6 |
a |
125 |
Pour la faire, éventrer│d'énormes galions, |
6+6 |
b |
|
Et mettre des ducats│dessus des millions ! |
6+6 |
b |
Pierrot exprime que c'est bien cela et que le bourgeois ne se trompe pas. |
|
Quel genre voulez-vous│jouer ? La tragédie ? |
6+6 |
a |
|
C'est un genre français,│excellent quoi qu'on die ! |
6+6 |
a |
Pierrot fait la parodie d'un acteur tragique, puis il dit que, malgré toute sa sympathie pour la haute littérature, il ne croit pas devoir s'y consacrer. |
|
Non ! Le drame ? |
|
|
Pierrot fait la parodie d'un acteur de drame. Il se promène à grands pas. Ô ciel, dit-il, où peut être ma fille ! à ce moment le bourgeois tire sa tabatière pour prendre une prise. Pierrot lui prend sa tabatière. Oh ! Dit-il, cette petite croix d'or ! Mais alors tu es ma fille ! Je suis ta mère ! C'est superbe, ajouta Pierrot, mais je ne veux pas de cela non plus, je préfère des comédies plus gaies. |
|
Non ! Le drame ? Non plus ?│ |
|
|
Ma foi non, dit Pierrot. |
|
Non ! Le drame ? Non plus ? Ah ! Vous ne voulez pas |
6+6 |
b |
130 |
Marcher toujours en deux,│fendus comme un compas, |
6+6 |
b |
|
Et faire trembler tout,│jusques à la Bastille, |
6+6 |
a |
|
Pour crier à la fin :│« ciel ! Ma mère ! Ma fille ! » |
6+6 |
a |
ma foi non, dit Pierrot. |
|
Le vaudeville ? |
|
|
Pierrot en riant fait signe que non. |
|
Le vaudeville ? Non !│Vous avez trop d'esprit. |
6+6 |
b |
à Pierrot, avec les ménagements qu'on emploie auprès d'une personne à qui l'on veut dire quelque chose de désagréable. |
|
Cher Monsieur Pierrot, nul│jamais ne vous comprit |
6+6 |
b |
135 |
Aussi bien que je fais,│grâce au style, sublime |
6+6 |
a |
|
Et touchant à la fois,│de votre pantomime. |
6+6 |
a |
|
Mais, |
|
|
avec hésitation. |
|
Mais, Quoiqu'elle me rende│extrêmement content, |
6+6 |
b |
|
Ne pourrais-je causer│avec quelque habitant |
6+6 |
b |
|
De ce petit endroit│cher à la fantaisie, |
6+6 |
a |
140 |
En simple prose, ou même│en simple poésie ? |
6+6 |
a |
Ah ! Dit Pierrot, c'est très-facile, j'ai votre affaire. Il va à une coulisse et semble appeler familièrement quelqu'un. Aussitôt paraît le lutin des folies-nouvelles, cheveux au vent, couleur d'or, regard et sourire extasiés, personnification de ce qu'ont de plus adorable le caprice et la fantaisie. |
|
|
|
SCÈNE III |
Le Bourgeois, Pierrot, Le Lutin. |
Le Lutin. |
|
Moi ? Je suis le lutin│des nouvelles folies ! |
6+6 |
a |
145 |
Chantons, rions, dansons,│tâchons de vivre encor ! |
6+6 |
b |
|
Voyez mes grands cheveux│faits de lumière et d'or ! |
6+6 |
b |
|
Et mes yeux ! Des tisons│d'enfer ! Voyez mes lèvres |
6+6 |
a |
|
Où l'amour et la lyre│ont mis toutes leurs fièvres ! |
6+6 |
a |
|
Mes joyaux ! Mes habits│où ruissellent des fleurs ! |
6+6 |
b |
150 |
Pleurez-vous, cher monsieur ?│Je viens sécher les Pleurs ! |
6+6 |
b |
|
Écoutez mes chansons│de danseuse bohème ! |
6+6 |
a |
|
Et surtout, aimez-moi│d'abord : je veux qu'on m'aime ! |
6+6 |
a |
|
Laissez-moi folâtrer,│bacchante, avec mes sœurs, |
6+6 |
b |
|
Et je vous verserai│ce vin, cher aux penseurs |
6+6 |
b |
155 |
Saintement couronnés│de raisins et de lierre, |
6+6 |
a |
|
Dont s'enivrait Lesage│et que goûtait Molière ! |
6+6 |
a |
c'est une idée, dit Pierrot. Et il va chercher au fond du théâtre une table sur laquelle sont placés un broc et des verres. |
|
|
|
Le Bourgeois. |
|
Trinquons ! Au vin de France ! Au franc rire ! |
|
|
|
Le Lutin. |
|
Trinquons ! Au vin de France ! Au franc rire ! Aux chansons ! |
6+6 |
b |
elle chante, en tendant son verre à Pierrot qui lui verse du vin. |
|
après le premier couplet, le bourgeois transporté a tendu son verre à Pierrot, mais celui-ci, trop occupé à écouter, a oublié d'y rien verser. Après le second couplet, le bourgeois tend encore son verre. Cette fois Pierrot le remplit de vin avec empressement ; mais, dans son enthousiasme, il le vide lui-même au grand désappointement du bourgeois. |
|
Le Bourgeois, au lutin.
|
|
Lutin, je vous adore !│ |
|
|
à Pierrot. |
|
Lutin, je vous adore ! Allons, je suis fou d'elle ! |
6+6 |
a |
cherchant à rassembler ses souvenirs, au lutin. |
|
Pourtant si ma mémoire│est encore fidèle, |
6+6 |
a |
185 |
Vous n'aviez pas jadis│cet habit provoquant ! |
6+6 |
b |
|
Je vous voyais, c'était…│non, je ne sais plus quand, |
6+6 |
b |
|
Dans de grands corridors,│mais longs de plusieurs aunes ! |
6+6 |
a |
|
Votre robe était verte,│avec des rubans jaunes ! |
6+6 |
a |
|
Et puis, vos matelas│n'étaient pas bien cardés ! |
6+6 |
b |
|
Le Lutin, souriant.
|
190 |
Ah ! Ma mère ! La salle│ancienne ! Regardez. |
6+6 |
b |
on voit entrer une grande femme, dont le costume de folie, vert et jaune, rappelle l'ancienne décoration des folies concertantes. |
|
|
SCÈNE IV |
Le Bourgeois, Pierrot, Le Lutin, L'Ancienne Salle. |
CHANSON. |
I |
|
Le Bourgeois. |
|
Oui, je me souviens de ça ! |
7 |
c |
|
L'Ancienne Salle. |
|
refrain dont l'acteur Kelm a le secret. |
|
|
II |
|
Le Bourgeois. |
|
Oui, je me souviens de ça ! |
7 |
c |
|
L'Ancienne Salle. |
|
refrain de Kelm. |
|
|
|
Le Lutin, au bourgeois.
|
|
Eh bien, que dites-vous│de sa voix ? |
|
|
|
|
Le Lutin, montrant l'ancienne salle.
|
|
Eh ! Qu'importe ! Elle a su│venir au bon moment ! |
6+6 |
b |
|
Mais je parais, et d'elle│il reste seulement, |
6+6 |
b |
|
Voyez ! Cet art bouffon│qui fit sa jeune gloire ! |
6+6 |
a |
sur le mot voyez, un changement de costume |
s'exécute à vue. Le personnage représentant l'ancienne salle des folies concertantes disparaît et laisse voir à sa place un comédien vêtu d'un splendide costume bouffon. |
|
Le Comédien Bouffon. |
|
Oui, c'est moi, me voilà !│Vous savez mon histoire. |
6+6 |
a |
225 |
Je naquis près des dieux│antiques, mes voisins, |
6+6 |
b |
|
Sur un lourd chariot│couronné de raisins ! |
6+6 |
b |
|
Puis, sur tous les tréteaux│et sur toutes les planches |
6+6 |
a |
|
J'ai fustigé le vent│de mon rire aux dents blanches ! |
6+6 |
a |
|
En lançant, comme dit│Hamlet : « des mots, des mots ! » |
6+6 |
b |
230 |
J'ai distrait quelquefois│le passant de ses maux ! |
6+6 |
b |
|
Polichinelle et clown,│j'ai su, qu'on s'en souvienne, |
6+6 |
a |
|
Joindre à l'humour anglais│la verve italienne ! |
6+6 |
a |
|
J'aurai fini ma tâche│et rempli mon devoir, |
6+6 |
b |
|
Si vous voulez aussi│vous égayer à voir, |
6+6 |
b |
235 |
Au bruit de la crécelle│et du tambour de basque, |
6+6 |
a |
|
Frissonner ma crinière│et grimacer mon masque ! |
6+6 |
a |
|
Cherchez-vous la maison│de Scapin ? C'est ici ! |
6+6 |
b |
|
Et les enfants seront│les bienvenus aussi ! |
6+6 |
b |
|
Ô gaîté ! Dans ce temple│heureux où tu t'installes, |
6+6 |
a |
240 |
Nous avons peint des fleurs│et rembourré des stalles ! |
6+6 |
a |
au public, avec conviction. |
|
Messieurs, sur ces dossiers│vraiment miraculeux, |
6+6 |
b |
|
Vous pourrez à loisir│rêver des pays bleus ! |
6+6 |
b |
|
Ces frêles ornements,│ces riches arabesques, |
6+6 |
a |
|
Où court la fantaisie│en dessins pittoresques, |
6+6 |
a |
245 |
Trahissent le cachet│de leur peintre, qu'en bon |
6+6 |
b |
|
Français il faut nommer…│ |
|
|
|
Le Bourgeois. |
|
Français il faut nommer… Il faut nommer… |
|
|
|
Le Comédien Bouffon. |
|
Français il faut nommer… Il faut nommer… Cambon ! |
6+6 |
b |
|
Craignez-vous que jamais│le bon goût ne rature |
6+6 |
a |
|
Ces chefs-d'œuvre ? |
|
|
|
Le Bourgeois. |
|
Ces chefs-d'œuvre ? Parlons│un peu littérature. |
6+6 |
a |
|
Le Comédien Bouffon. |
|
Nos acteurs ? |
|
|
chacun des personnages qu'il nomme tour à tour entre en scène à mesure que son nom est prononcé ; puis tous finissent par former un tableau d'un aspect bouffon et poétique. |
|
Nos acteurs ? Ils mettront│la critique aux abois. |
6+6 |
b |
250 |
Quoiqu'ils soient si jolis,│ils ne sont pas de bois ! |
6+6 |
b |
|
Voyez ! C'est arlequin│avec sa colombine, |
6+6 |
a |
|
Ce joli couple en qui│le poëte combine |
6+6 |
a |
|
L'âme avec le bonheur│se cherchant tour à tour, |
6+6 |
b |
|
Et l'idéal avide,│en quête de l'amour ! |
6+6 |
b |
255 |
Voici Léandre encor,│voici polichinelle, |
6+6 |
a |
|
Un gaillard vicieux│comme la tour de Nesle ! |
6+6 |
a |
|
Et le plus grand de tous,│calme comme un romain |
6+6 |
b |
|
Le plus spirituel,│le plus vraiment humain, |
6+6 |
b |
|
Formidable, et toujours│plus grand que sa fortune, |
6+6 |
a |
260 |
Mon cher ami pierrot,│le cousin de la lune ! |
6+6 |
a |
|
Isabelle ! Oiseau bleu│qui chante en sa prison ! |
6+6 |
b |
|
Et Cassandre tremblant,│sot comme la raison ! |
6+6 |
b |
|
Le Bourgeois. |
|
Et que racontent-ils ?│ |
|
|
|
Le Lutin. |
|
Et que racontent-ils ? Une histoire profonde, |
6+6 |
a |
|
Toujours vieille et toujours│jeune, comme le monde ! |
6+6 |
a |
265 |
Colombine, cet ange│au souple casaquin, |
6+6 |
b |
|
A laissé ramasser│son cœur par arlequin, |
6+6 |
b |
|
Un don Juan de hasard,│qui, gracieux et leste, |
6+6 |
a |
|
Fait chatoyer sur lui│tout l'arc-en-ciel céleste ! |
6+6 |
a |
|
Restez, dit la raison ;│fuyez, leur dit l'amour ! |
6+6 |
b |
270 |
Par les champs d'épis mûrs,│baignés des feux du jour, |
6+6 |
b |
|
Par les noires forêts,│par l'azur des grands fleuves, |
6+6 |
a |
|
Ils vont ! Mais soutenus│dans toutes ces épreuves, |
6+6 |
a |
|
Le feuillage s'éclaire│au bruit de leurs chansons ; |
6+6 |
b |
|
Un repas sort pour eux│du milieu des buissons ; |
6+6 |
b |
275 |
Sur leurs pas, que dans l'air│suivent des harmonies, |
6+6 |
a |
|
Des barques et des chars,│poussés par les génies, |
6+6 |
a |
|
Leur offrent un abri│sous des voiles flottants, |
6+6 |
b |
|
Et tout leur réussit,│parce qu'ils ont vingt ans ! |
6+6 |
b |
|
|
Le Bourgeois. |
|
C'est parfait ! |
|
|
|
Le Comédien Bouffon. |
|
C'est parfait ! Cependant│Cassandre avec Léandre |
6+6 |
a |
|
Les poursuivent. Mais quoi !│Le beau-père et le gendre |
6+6 |
a |
|
Se déchirent la jambe│à tous les traquenards ! |
6+6 |
b |
|
Tantôt on les fusille│ainsi que des renards : |
6+6 |
b |
310 |
Ils se battent entre eux.│L'un crie : on m'assassine ! |
6+6 |
a |
|
Pour l'autre, le bon vin│se change en médecine. |
6+6 |
a |
|
Cent mille soufflets, l'un│sur l'autre copiés, |
6+6 |
b |
|
Alternent sans relâche│avec les coups de pieds. |
6+6 |
b |
|
Veulent-ils lire ? On voit│se hausser la chandelle, |
6+6 |
a |
315 |
Qui revient, si plus tard│on n'a plus besoin d'elle. |
6+6 |
a |
|
Et, tandis que Léandre│a gâté son pourpoint, |
6+6 |
b |
|
Et que le vieux barbon,│toujours plus mal en point, |
6+6 |
b |
|
Est rossé par le diable│et par son domestique, |
6+6 |
a |
|
Les amoureux, ravis│au pays fantastique, |
6+6 |
a |
320 |
S'enivrent dans les bois│des senteurs du printemps, |
6+6 |
b |
|
Et tout leur réussit,│parce qu'ils ont vingt ans ! |
6+6 |
b |
|
Le Lutin. |
|
Grâce à la fée, un jour,│après tous ces longs jeûnes, |
6+6 |
a |
|
Les voilà mariés !│Ils sont beaux, ils sont jeunes ! |
6+6 |
a |
|
Sous un soleil tournant│qui brille à ciel ouvert, |
6+6 |
b |
325 |
Dans un palais orné│de paillon rouge et vert, |
6+6 |
b |
|
On les unit, et l'air,│rempli d'apothéoses, |
6+6 |
a |
|
Se teint de fleur de soufre,│et d'azur et de roses ! |
6+6 |
a |
|
Le Comédien Bouffon. |
|
Pendant tout ce temps-là,│doux, pensif et railleur, |
6+6 |
b |
|
Dérobant tout, mangeant│et buvant du meilleur, |
6+6 |
b |
330 |
Et ne s'intéressant│à rien, comme les sages, |
6+6 |
a |
|
Pierrot s'est promené│parmi les paysages, |
6+6 |
a |
|
Sans même seulement│vouloir tourner les yeux |
6+6 |
b |
|
Vers la fée au char d'or,│qui s'enfuit dans les cieux ! |
6+6 |
b |
|
Paresseux et gourmand,│voilà dans quelle étoffe |
6+6 |
a |
|
Le gaillard est taillé !│ |
|
|
|
|
|
|
Le Comédien Bouffon. |
345 |
Soixante-treize ! Au moins !│Vous les verrez en l'air. |
6+6 |
b |
|
|
|
Le Bourgeois. |
|
Voyons. |
|
|
les danseuses exécutent un pas éblouissant de délire et de " réalisme. " |
|
|
|
Le Comédien Bouffon. |
|
Demandez, faites-vous│servir ! Musette ou lyre ! |
6+6 |
a |
355 |
Romance tendre ou bien│séguidille en délire ! |
6+6 |
a |
|
La ballade allemande│ou les airs espagnols, |
6+6 |
b |
|
À votre choix ! |
|
|
montrant le lutin. |
|
À votre choix ! Voilà│le nid des rossignols ! |
6+6 |
b |
le bourgeois emprunte à son tour le langage de la mimique,
et exprime que, comme toujours, il sera fort heureux de se contenter
avec ce qu'on lui donnera. |
CHANSON. |
|
Le Comédien Bouffon. |
|
Tous les personnages et funambules forment des groupes autour desquels court une danse ivre de joie. La farce est jouée. |
|
|
|
|
|