Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
DANS LA FOURNAISE
Dernières Poésies
1892
Au laurier
Si j'étais vraiment le bon ouvrier 10
Que du noir oubli sa volonté sauve, 10
Ce que je voudrais, c'est toi, noir Laurier, 10
Sur ma tête chauve. 5
5 Car feuillage sombre, effroi des méchants, 10
Lorsque je te vois, mon âme savoure, 10
Devant tes rameaux, la gloire des chants 10
Et de la bravoure. 5
Héros et rimeurs, sous les grands cieux clairs, 10
10 Nous sentons en nous le même délire 10
Et la chaste Épée aux brillants éclairs 10
Est sœur de la Lyre. 5
Pour revivre un jour sur les blancs frontons, 10
Quand le clairon d'or enfle son haleine, 10
15 C'est d'un cœur égal que nous combattons 10
Pour la sage Hélène. 5
Henri Quatre, ainsi que François Premier, 10
Brûlé d'une ardeur jamais endormie, 10
En quittant le casque au hardi cimier, 10
20 Célébrait sa mie. 5
Et dans le passé farouche et saignant 10
Quand mon souvenir enflammé recule, 10
Je revois Linos, chanteur, enseignant 10
Son élève Hercule. 5
25 Eschyle, superbe entre les grands cœurs, 10
Pour qui les exploits sont des intermèdes, 10
Avant de rhythmer l'ode pour ses chœurs, 10
Combattait les Mèdes. 5
Et le fauve Achille au casque mouvant, 10
30 Lorsque son armure était dégrafée, 10
Charmait la cithare, et fut un savant 10
Chanteur, comme Orphée. 5
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