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P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
ARV_1/ARV29
Félix ARVERS
POÉSIES
1833
PIÈCES INÉDITES
A Charles X
Triste et soudain fracas | d'un trône héréditaire, 6+6 a
Profond enseignement | aux puissans de la terre, 6+6 a
Qui vous eût pu prévoir, | et dire : Dans trois jours, 6+6 b
Cette tige de rois | par les siècles blanchie 6+6 c
5 Et ce vaste pouvoir | et cette monarchie 6+6 c
Auront fui sans espoir | et croulé pour toujours ? 6+6 b
Et toi qui n'es plus rien | et qui fus roi naguère, 6+6 a
Charles ! n'avais-tu pas | ton droit de paix, de guerre. 6+6 a
Ta large part d'impôts, | tes châteaux à choisir, 6+6 b
10 Tes veneurs, tes laquais, | tes chiens, tes équipages, 6+6 c
Tes chambellans dorés, | tes hérauts et tes pages 6+6 c
Et tes vastes forêts | où chasser à loisir ? 6+6 b
T'empêchait-on d'aller | au sein des basiliques, 6+6 a
Courbant ton front royal | et baisant les reliques. 6+6 a
15 Garder, comme un soldat, | un prêtre à tes côtés. 6+6 b
Et, du ministre saint | implorant l'assistance, 6+6 c
Consumer dans le jeûne | et dans la pénitence 6+6 c
Tout le restant des jours | que le ciel t'a comptés ? 6+6 b
On t'entourait d'honneurs, | de respects, et la France, 6+6 a
20 Qui voyait tout cela | d'un air d'indifférence. 6+6 a
T'eût laissé jusqu'au bout, | sans haine et sans effroi. 6+6 b
Saluer de la main | du haut des galeries, 6+6 c
Sourire à tes valets | et dans tes Tuileries 6+6 c
Mourir tranquillement | sur ton fauteuil de roi ! 6+6 b
25 Mais des hommes t'ont dit : | « Sire, l'heure est venue, 6+6 a
Où votre volonté, | trop long-temps méconnue. 6+6 a
Doit être apprise à tous | et s'ouvrir un chemin ; 6+6 b
Et si quelque mutin | se dresse et se récrie. 6+6 c
Nous avons-là Foucault | et sa gendarmerie ; 6+6 c
30 C'est l'affaire d'un coup de main. 8 b
« On en eut bon marché | sous l'autre ministère. 6+6 a
Quelques coups de mitraille | à propos l'ont fait taire, 6+6 a
Ce peuple ; il faut qu'il sache, | au moins, si c'est en vain 6+6 b
Que Charles Xdix est roi | de France et de Navarre 6+6 c
35 Et si d'un peu de sang | il lui sied d'être avare 6+6 c
Pour soutenir le droit divin, 8 b
« Et si des gens venaient, | artisans d'imposture, 6+6 a
Vous parler de promesse | et que c'est forfaiture 6+6 a
Que manquer de la sorte | à la foi des sermens 6+6 b
40 Jurés, devant l'autel, | sur les saints Évangiles, 6+6 c
Et qu'après tout, la terre | a des trônes fragiles, 6+6 c
Et l'avenir des châtimens ; 8 b
« Sophismes dangereux, | maximes immorales ! 6+6 a
Propos séditieux | de feuilles libérales ! 6+6 a
45 Mais seulement un mot, | un signe de la main, 6+6 b
Et vous verrez pâlir | tous ces faiseurs d'émeute, 6+6 c
Comme un gibier peureux | qui fuit devant la meute, 6+6 c
Dans les forêts de Saint-Germain. » 8 b
Et toi, tu les as crus | et, risquant la partie, 6+6 a
50 Sur un seul coup de dé | perdu ta dynastie, 6+6 a
Bien puni maintenant, | ô roi, pour avoir mis 6+6 b
Tant d'espoir dans ton Dieu, | tant de foi dans sa grâce, 6+6 c
Et compté, pour ton trône | et les gens de ta race, 6+6 c
Sur l'avenir sans fin | qui leur était promis ! 6+6 b
55 Mais comme au premier coup | du marteau populaire 6+6 a
Ta vieille royauté, | masure séculaire. 6+6 a
Lézardée et disjointe | et qui n'en pouvait plus, 6+6 b
A craqué jusqu'au fond, | tant l'heure était critique. 6+6 c
Tant sa chute était mûre | et de ce dais gothique 6+6 c
60 La toile était usée | et les ais vermoulus ! 6+6 b
Et pour baisser si bas | des têtes couronnées, 6+6 a
Qu'a-t-il fallu de temps | au peuple ? Trois journées 6+6 a
D'ouvriers descendus | en hâte des faubourgs, 6+6 b
Qui couraient sans savoir, | au fort de la mêlée, 6+6 c
65 Ce que c'est qu'une marche, | et comme elle est réglée 6+6 c
Sur les sons plus pressés | ou plus lents des tambours. 6+6 b
Trois jours, et tout fut dit ; | et la pâle bannière 6+6 a
Du faîte des palais | a roulé dans l'ornière. 6+6 a
Et les trois fleurs de lis, | honneur de ta maison, 6+6 b
70 N'ont d'asile aujourd'hui, | tristes et détrônées, 6+6 c
Que dans quelques foyers | de vieilles cheminées. 6+6 c
Ou les feuillets jaunis | d'un traité de blason. 6+6 b
Eh quoi ! de tes malheurs | le rude apprentissage 6+6 a
N'avait-il pu t'instruire | et te faire assez sage, 6+6 a
75 Sans qu'il fallût encor, | vieillard en cheveux gris, 6+6 b
Entendre le fracas | de ton trône qui tombe. 6+6 c
Et retrouver si tard | et si près de la tombe. 6+6 c
Ces leçons de l'exil | qui ne t'ont rien appris ? 6+6 b
Tu l'as voulu pourtant ! | Aussi bien, à ton âge. 6+6 a
80 Quand la mort à ce point | est dans le voisinage, 6+6 a
A tout prendre, il vaut mieux, | de tous ces vains joyaux 6+6 b
Débarrasser un front | qu'a touché le Saint-Chrême, 6+6 c
Car pour qui va paraître | au tribunal suprême. 6+6 c
Les plis sont bien pesans | des ornemens royaux ! 6+6 b
85 Va, mais ne songe plus, | Majesté solitaire, 6+6 a
Qu'à ce royaume saint | qui n'est plus de la terre ; 6+6 a
Songe au soin de ton âme, | et, déchargé du faix 6+6 b
De cette royauté | dont t'a perdu l'envie, 6+6 c
Songe à bien profiter, | au moins pour l'autre vie, 6+6 c
90 De ces derniers loisirs | que le peuple t'a faits. 6+6 b
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